D’abord reconnue comme interprète d’exception (NDT2, Kidd Pivot, RUBBERBAND), Anne Plamondon brille en tant que créatrice et répond avec brio aux commandes chorégraphiques d’institutions d’enseignement, de compagnies et d’événements en danse contemporaine. En parallèle, elle dirige sa propre compagnie et s’implique auprès de la relève. C’est avec un riche bagage d’expériences et un enthousiasme palpable qu’elle participe à l’aventure de Minuit quelque part. Découvrons le parcours d’une femme sur qui l’art a eu des impacts majeurs.
Quelles influences artistiques ont eu un impact sur toi ?
Anne : À l’époque de mon adolescence, de mi-1980 à mi-1990, la musique m’a beaucoup marquée, surtout celle de Cindy Lauper, de Portishead et de Midnight Oil. Je me souviens que je faisais souvent l’aller-retour Québec-Montréal et que je m’inventais des chorégraphies dans ma tête en écoutant cette musique-là sur mon discman. Je ne m’imaginais pas devenir chorégraphe à l’époque : je considérais ça comme mon monde à moi que ne partagerais à personne.
Plus tard, quand j'habitais en Europe, Gustav Klimt et les peintres impressionnistes ont eu un gros effet sur moi. Pour la petite québécoise que j’étais, ça m’ouvrait à des choses complètement nouvelles.
J’apprécie beaucoup le travail de Marina Abramović. C’est une femme audacieuse qui prend des risques, même jusqu’à sa propre vie! L’aspect de l’engagement envers l’art, elle l’a compris. Elle utilise son propre corps pour toucher à des idées dangereuses. Il y a plein de choses qui me dérangent, ses œuvres me brassent et on a besoin de ça, parfois.
Il y aussi la photographe Cindy Sherman, qui fait des autoportraits en se transformant avec des costumes. Quand j'ai découvert son œuvre, c'était à un moment où je ne me sentais pas à l’aise à me mettre en scène. Ça me prenait beaucoup (trop) de temps pour créer un solo : je trouvais ça égocentrique. Mais le travail de Cindy Sherman, je l’ai trouvé tellement bon et tellement juste que ça m'a mis en paix avec l’idée de m’utiliser, moi, à la fois comme l’instrument et la créatrice.
Finalement, dans les dernières années, je m’intéresse au retour vers soi et à la recherche de la spiritualité. C’est une artiste québécoise dont je suis proche, Sylvie Cotton, qui m'a inspiré ça. Elle inclut dans la pratique la méditation, la présence, et elle m’a influencée sur cet aspect-là dans mon travail. Contrairement à la tendance générale où on en fait beaucoup pour être toujours productifs, Sylvie est vraiment dans « ralentir le temps ».
Qu’est-ce qui guide tes choix chorégraphiques?
Anne : Je suis dans la rigueur, la curiosité, la vulnérabilité. Je recherche une authenticité, un sens, de la précision dans l’exécution du geste et l’évocation d’une émotion.
J’aime la dualité force-vulnérabilité, passer d’un état à l’autre, trouver la force dans la vulnérabilité. Et je veux toucher les gens, c’est certain.
Je ne cherche pas à lancer un message particulier, ni à provoquer. Par contre, l’émotion peut créer des malaises, et j’aborde parfois des sujets plus difficiles. Je n’ai pas peur d’aller là, parce que ce sont des réalités qu’il faut adresser. J’aime mettre en lumière ce qui est vrai.
Où se situe Minuit quelque part dans ton parcours en tant que chorégraphe ?
Anne : Je dirais que ça arrive à un moment de décollage. La pandémie m’a coupé l’herbe sous le pied alors que j'avais le vent dans les voiles en 2020. Minuit quelque part arrive à un temps où je danse moins et où j’ai plus de demandes en chorégraphie qu’en performance. Ça s’inscrit bien dans la lignée de ce que je prévois faire dans les prochaines années : plus de création, moins de performance. J’aime bien être invitée et qu’on mette à ma disposition des ressources stimulantes. Quand je travaille avec ma propre compagnie, c’est un contexte différent, et j’aime bien cette variété dans mes activités.
Qu’est-ce qui t’excite dans ce projet collectif ?
Anne : Je suis vraiment contente de collaborer sur une création québécoise qui rassemble autant d’artistes québécois. C’est aussi un bonheur de retrouver Lydia Bouchard avec qui j’ai dansé il y a plusieurs années. Et je suis curieuse de voir ce que ça va faire quand on va mettre toutes les parties ensemble. C’est une formule de spectacle qui a été faite souvent au cirque, avec des metteurs en scène qui chapeautent les chorégraphes, mais on n’a pas l'habitude de travailler comme ça en danse. Généralement, c’est le chorégraphe qui fait tout : l’écriture gestuelle, la mise en scène, le sens, la dramaturgie. Pour ce projet, c’est La Résistance qui voit à la cohésion de l’ensemble et on va découvrir ce que ça donne à la fin. Ça m'excite de découvrir le spectacle au complet !
Qu’est-ce que la thématique de ton tableau t’inspire ?
Anne : La thématique de mon tableau est « Je me suis réveillée à minuit ». On est à mi-sommeil, entre le réel et l'irréel, dans un univers surréaliste, dans la douceur et l’intimité. Je ne veux pas trop en dévoiler, mais j’aime bien cette idée qu’un chorégraphe m'a un jour partagée : la nuit, tout le monde dort et tout est disponible : le son, l’espace et les idées dans l’univers.
Si tu devais choisir un endroit pour célébrer à minuit, ce serait lequel ?
Anne : Si je devais choisir un lieu particulier, je dirais dans le désert, à la belle étoile. Je ne ferais pas une grosse célébration pour ne pas briser la magie, mais ce serait un rassemblement sous le ciel étoilé, avec un feu et des musiciens.
Découvrez quand la magie d'Anne passera près de chez vous !