top of page

Lydia Bouchard et Merryn Kritzinger prêtent leur énergie au spectacle Minuit quelque part

Minuit quelque part est le fruit du travail d’une équipe artistiquement époustouflante. Cette semaine, rencontre avec les co-metteures en scène, co-dramaturges, chorégraphes et complices Merryn Kritzinger et Lydia Bouchard de La Résistance. Elles se livrent sur leurs multiples rôles dans le spectacle, sur leurs inspirations artistiques et sur leur perception de la danse contemporaine et pop.


Vous êtes metteuses en scène de Minuit quelque part, en plus d’être chorégraphes pour deux sections du spectacle. Quelle est la différence entre ces deux rôles ?


La Résistance : La mise en scène n’est pas un rôle si fréquent en danse. D’habitude en danse contemporaine, ce rôle est pris en charge par la ou le chorégraphe, mais pour Minuit quelque part, le besoin s’est fait sentir d’avoir un esprit créatif pour écrire les trames narratives et un œil extérieur pour tisser le lien entre les tableaux des multiples chorégraphes. Ainsi, on s'assure que l’ensemble forme un tout cohérent. C’est un travail global qui prend en compte l’ensemble des aspects de la pièce : la technique, la musique, les transitions, etc. Quand on endosse notre rôle de chorégraphe, on est dans la création d’une des sections et du vocabulaire chorégraphique qui compose le tout, et c’est notre signature personnelle qu’on met de l’avant.


Parlant de signature personnelle, comment décririez-vous la vôtre ?


La Résistance : La chorégraphie c'est beaucoup plus que des mouvements. C’est l’expérience que l’artiste véhicule devant nous qui est importante, alors la présence (l’état) est essentielle dans notre travail. Comme on aime aller dans les extrêmes du mouvement, il y a aussi le déséquilibre qui revient souvent, et dans la façon dont on aborde la chorégraphie à partir de mon corps. C’est très instinctif.


Nos chorégraphies sont ancrées dans l'état et dans la raison d'être du mouvement. On préfère l'immobile au geste vide. On collabore depuis de nombreuses années et on pense que notre côté frondeur, notre humour et notre anticonformisme nous distinguent. On se sert de tout créativement. On ne discrimine rien. Ça ouvre le champ des possibles.


Pourriez-vous décrire votre relation en deux mots ?


Merryn : Premier mot : Sororité. On se lie énormément dans ce « sisterhood » qu’on a ensemble dans la vie et dans notre partenariat professionnel.

Deuxième mot : Inspiration. On est profondément inspirées l’une par l’autre, comme artiste, leader, metteure en scène, chorégraphe, maman… c’est une relation de muse à muse.

Il y a aussi beaucoup d’humour entre nous.



Pouvez-vous nous parler de vos influences artistiques ?


La Résistance : D’abord, il y a l’artiste performeuse Marina Abramovic, dans sa façon de traiter l’état humain et la rencontre humaine, en mettant le public dans un état inconfortable pour aller chercher une émotion et en manipulant le conditionnement. Maxine Doyle du Punchdrunk nous inspire aussi beaucoup. C'est une artiste extraordinaire qui a une façon de traiter la danse avec une grande humanité. Ses pièces se passent souvent dans des espaces immersifs, ce qui donne la possibilité d’être très près des danseurs et d’avoir accès à la personne à l’intérieur de l'œuvre. L’écrivain Haruki Murakami a une énorme influence sur nous dans sa façon de traiter la réflexion et la surprise. C’est une inspiration pour nous, cette façon qu’il a d'amener son lecteur dans un univers humain très simple et d’un coup le tordre pour l'amener ailleurs, dans un axe imaginaire et surréel, sans qu’on le questionne. On adore sa façon d’entrer dans plusieurs états qui déroutent le lecteur. Finalement, on est souvent presque cinématographique. Le rythme de Wes Anderson, de Baz Lurman, de Tarantino… c’est peut-être là qu’on embrasse le rythme plus pop.


Une œuvre d’art que vous aimeriez faire découvrir au plus grand nombre ?


Merryn : Clowns de Hofesh Shechter. C’est un incontournable. La rythmique de ce spectacle, le mouvement, la passion, l’émotion, les échanges humains… Pour moi, c’est une œuvre complète, à ne pas manquer.


Lydia : Le travail de David Altmejd. Il y a une de ses œuvres au Musée des Beaux-arts de Québec et elle vaut le détour. C'est à la fois complexe, plein d'humanité et de contradictions, et plein d'esprit.


On dit que Minuit quelque part est la rencontre entre la danse pop (ou commerciale) et contemporaine. Comment différenciez-vous les deux ?


Lydia : Le rythme climatique de l’arc dramatique de l'œuvre à mon sens… mais le propos peut être également fin et la technique, tout aussi poussée… Par ailleurs, la scène contemporaine s'offre le luxe du temps... le temps de développer une idée, un espace salvateur pour la contemplation. Je pense que les deux peuvent cohabiter et se nourrir des avantages de chacun.


Merryn : Comme Lydia, je dirais que la différence principale est dans le rythme. Le pop, c'est rapide, il y a une rythmique particulière. Le contemporain se crée plus lentement, le temps n’est pas traité de la même manière. Il peut y avoir des préjugés des deux côtés, même à l’intérieur du monde de la danse. Minuit quelque part est un spectacle qui veut rejoindre un public plus large, tout en restant fidèle à sa propre nature, qu’il existe en dehors de la perception du public.


Qu’est-ce qui vous excite le plus dans ce projet collectif ? Qu’est-ce qui représente le plus grand défi ?


La Résistance : Avec autant de grands talents, des chorégraphes qui nous inspirent sans fin, le défi est de rassembler toutes ces voix pour faire une œuvre cohérente sans dénaturer le travail de chacun. Et c’est la grande beauté de cette aventure aussi ! De pouvoir jouer avec tous ses artistes de la scène contemporaine et d’utiliser toute cette matière pour former une œuvre qui se tient.


Si vous deviez choisir ensemble un endroit pour célébrer à minuit, ce serait lequel ?


Merryn : C’est sûr que ce serait un endroit mystérieux et magique, un peu secret, dans la forêt ou dans un cimetière. Avec la pleine lune !


Lydia : Tellement ! Avec une table avec un service de vaisselle victorien et une nappe blanche, au fond d'un bois.



Découvrez quand l'énergie de Lydia et Merryn passera près de chez vous !


bottom of page